04/10/2007

Men In Blacks III

A quelques jours de la sortie sur nos écrans de Men In Blacks III, troisième opus de l'opposition entre le XV de France et son homologue néo-zélandais dans le cadre d'une Coupe du monde de rugby (non compris l'anecdotique match pour la 3ème place en 2003), il est certainement utile à Bernard Laporte, et à son fidèle adjoint, Jo Maso de se remettre en mémoire les scénarios des deux confrontations précédentes contre les légendaires «All Blacks». En effet, s'ils veulent accomplir leur rêve de brandir la Coupe William Web Ellis le 20 octobre prochain dans le ciel de Saint-Denis, ils devront certainement retenir les erreurs et les enseignements de ces deux matches éternellement inscrits dans l'histoire de l'Ovalie. C'est sans aucun doute une des conditions nécessaires pour espérer conserver un infime espoir d'endiguer, samedi prochain aux alentours de 21h, la terrible marée noire annoncée sur le Millenium Stadium de Cardiff pour un quart de finale de tous les dangers.

Men In Blacks - Le sacre des Blacks
(date de sortie : 7 juin 1987)

Après un match exceptionnel d'intensité et de suspens livré contre l'Australie en demi-finale, les Bleus du «petit caporal» Jacques Fouroux ont l'outrecuidance de venir défier les néo-zélandais sur leur terre à Auckland pour tenter l'improbable exploit de les empêcher d'être logiquement intronisés premiers champions du monde de l'histoire du rugby. Le rugby est le sport le plus populaire de ce petit pays de l'autre bout du monde qui fut découvert en 1642 au large de l'Australie par Abel Tasman, navigateur néerlandais . Il baptisa cette île «Nouvelle-Zélande» en hommage à la Zélande une province du sud ouest de son pays natal qui signifie «Terre de la mer». Les indigènes maoris appellent, quant à eux, la terre colonisées par leurs ancêtres polynésiens 1300 ans av JC «Aotearoa », ce qui signifie «pays du long nuage blanc».

Quelques heures avant le match, les Bleus eurent la fausse bonne idée de venir en costume sur la pelouse pour venir prier tous en rond. Comme la désormais célèbre séance de lecture de la «lettre de Guy Moquet» il y a quelques semaines avant France-Argentine (12-17), cette scène d'émotion extrême eu l'effet de motivation inverse que celui initialement escompté. Dans les deux cas, les larmes versées ou difficilement contenues par les joueurs français furent fatales à leur esprit combatif élément indispensable à la pratique à haut niveau d'un sport collectif de combat comme le rugby. Avec au final une défaite 29 à 9, les français offrirent une belle résistance (9-3 à la mi-temps) mais néanmoins insuffisante pour empêcher le sacre annoncé des «All Blacks».

La légende a longtemps voulu que ce surnom leur fut attribué lors de leur première tournée européenne après qu’un journaliste britannique, rédigeant un article sur eux, les qualifia de «All Backs» (tous arrières ou tous trois-quarts) en hommage au formidable jeu de mouvement de leurs avants. Pour leur match suivant, suite à une erreur typographique, c’est le terme « All Blacks » qui aurait cette fois été écrit dans le journal. Devant l'absence de preuve tangible de cette théorie, elle est aujourd’hui globalement abandonnée par les experts au profit de celle d'un journaliste ayant utilisé le terme « All Blacks » en référence à la couleur de la tenue de ces joueurs de rugby exceptionnels portant de façon quasi systématique le deuil de leurs adversaires.

Men In Blacks II - La revanche des Bleus
(date de sortie : 31 octobre 1999)

En 1999, les Bleus ont enfin l'occasion de prendre leur revanche sur les «All Blacks» en demi-finale de la Coupe du monde organisée par le royaume-uni. Après des débuts dans la compétition peu convaincants et devant l'absence d'une véritable ligne directrice dans le jeu, on voit alors mal les hommes du tandem Skrela Villepreux l'emporter. Un journaliste écrit même que la seule chance pour que les Bleus gagnent c'est que les Blacks aient un accident de bus en se rendant au stade... C'est donc avec une véritable étiquette d'outsider que cette équipe encore sous le choc d'une déroute historique subie quelques mois plutôt à Wellington face au même adversaire, se présente sur la pelouse de Twickenham pour tenter de défaire l'armada des stars néo-zélandaises ( Mehrtens, Umaga, Cullen, Kronfeld...) conduites par le phénoménal Jonah Lomu.

Lors de l'interprétation du Haka, à l'exception d'Olivier Magne et de Richard Dourthe qui décident de tourner le dos, les Bleus choisissent de relever le défi de la guerre psychologique en soutenant avec force le regard de leurs adversaires comme pour mieux les prévenir que n'ayant rien à perdre ils sont prêts à livrer un combat historique et à défendre ardemment leur honneur. Pour les néo-zélandais, cette danse rituelle maori (habituellement réalisée pour souhaiter la bienvenue ou partir à la guerre) est un élément fondamental de leur identité nationale. Les «All Blacks» l'utilisent avant les matches dans le but d'impressionner leurs adversaires de façon systématique depuis seulement 1987 et la première Coupe du monde. Avant cette compétition, le Haka était utilisé uniquement lors des tournées des Tout Noirs dans les pays étrangers.

Peu impressionnés, les Bleus bousculent d'entrée les Blacks notamment grâce à leur agressivité et leur cohésion défensive. Et même si à l'issue de la première mi-temps, ce sont les néo-zélandais qui mènent au score (17 à10), c'est tête basse qu'ils rentrent au vestiaire prenant conscience d'avoir sous estimé la capacité de résistance de l'équipe de France. Dès le début de la deuxième période les Bleus commencent, petit à petit, à lire la peur dans les yeux de certains «All Blacks» qui avaient négligé la préparation de ce match soi-disant gagné d'avance.

C'est donc presque logiquement que Dominici, Dourthe et Bernat-Salles marquèrent les essais français pour offrir au sport français l'un des plus beaux exploits de son histoire avec cette victoire 43 à 31. Bernard Laporte, alors consultant pour TF1, déclara même en cours de match: "Personne ne les attendait à ce niveau, même pas nous". En inscrivant 33 points en 30 minutes à une équipe qu'on croyait invincible les Bleus ont même réussi ce jour-là, l'exploit de faire chanter la marseillaise aux nombreux supporters anglais présent à Twinkenham.

Men In Blacks III - La belle de Cardiff
(date de sortie : 6 octobre 2007)

Au vu de l'équipe de France qui sera alignée samedi prochain à Cardiff, il paraît évident que les titularisations du jeune Beauxis à l'ouverture, de Traille à l'arrière et d'Heymans à l'aile sont des signes clairs de la volonté de Bernard Laporte de se soustraire à la pression «All Blacks» en utilisant efficacement le jeu au pied (comme l'avait si bien fait Titou Lamaison en 1999). Au niveau psychologique, les Bleus ne devraient pas rééditer les inutiles séquences émotions de 1987 et du match d'ouverture contre les argentins. Compte tenu des performances actuelles de Lionel Nallet et de Dimitri Szarzewski, les présences des leaders charismatiques Fabien Pelous et Raphaël Ibanez dans le XV de départ s'expliquent certainement par la nécessité de transmettre à leurs coéquipiers l'esprit de 1999 afin qu'ils réussissent à hisser le plus haut possible leur niveau de jeu.

Sur le plan technique, les français devront aborder le match comme les argentins l'ont fait contre eux lors du match d'ouverture. C'est à dire avec une agressivité de tous les instants leur permettant de rivaliser tant dans les duels que dans les phases de conquête. Tel est certainement la recette pour éviter une lourde défaite comme en 1987. Si les choses commencent à mal tourner, la rentrée en cours de match de l'impact player par excellence Sébastien Chabal devrait inquiéter tous les néo-zélandais ayant encore en mémoire la mâchoire brisée de leur coéquipier Ali Williams par la nouvelle icône publicitaire du rugby français lors du dernier match entre les deux équipes en juillet dernier du côté de Wellington.

Quoi qu'il en soit, le combat promet donc d'être intense samedi soir en terre galloise. La conquête de la «belle de Cardiff» et une accession en demi-finale sont sans aucun doute à ce prix. Avec en ligne de mire les Anglais ou les Australiens en demi-finale puis les Sud-Africains ou les Argentins en finale si ces derniers rééditent leur exploit du match d'ouverture. De toute façon, comme le répète à l'envie Bernard Laporte depuis quelques jours : «Pour être champion du monde, il faut battre toutes les équipes». Le message a le mérite d'être clair : notre futur secrétaire d'Etat aux sports ne souhaite pas particulièrement anticiper sa prise de fonction ministérielle.

Qu'il poursuive encore quinze jours supplémentaires sa carrière de sélectionneur c'est tout ce dont rêvent (sans trop y croire, comme en 1999 !) tous les supporters de l'équipe de France.


3ème mi-temps

Just do it !


«Kamate, Kamate !!!»


Le match mythique de 1999

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Article très complet, avec beaucoup d’informations que les gens ne connaissent pas. C’est peu être un peu long mais bravo à toi. Je doit souligner que j’aime beaucoup la photo. Elle colle parfaitement au sujet, je suppose que c’est toi qu’il la transmit, n’es-ce pas ?

Anonyme a dit…

Un quart de coupe du monde, un Vrai, quel bonheur !!! Deux remarques en passant sur ce tournoi :

* Il y a un déséquilibre hallucinant dans les moitiés de tableau : les Boks vont aller en finale en jouant les Fidji puis le vainqueur d’Ecosse/Argentine, sans être méchant ils auront joué en gros un vrai match de haut niveau si on leur met 40 minutes face à l’Angleterre et 40 minutes pour la demi le temps de prendre le large... En face c’est une tuerie : Angleterre, France, Australie, Nouvelle-Zélande, excusez du peu...Bon courage à l’équipe qui sortira du lot ! J’en profite d’ailleurs pour préciser que pour moi il sera beaucoup plus dur de battre l’Australie que les Blacks, c’est un peu notre bête noire ! En tous cas si on est champion du monde en tapant les Blacks, les Wallabies et les Boks ce sera unique dans l’histoire !!!

* et puis cette histoire de maillot est ridicule, même si le tirage a permis au français de jouer en bleu marine, je trouve ce maillot assez nul et puis j’ai une théorie qui marche aussi pour le foot et qui faisait rire mes potes à la fac à l’époque : on gagne toujours quand on joue en blanc...On ne peut pas dire aux Blacks de ne pas jouer en noir , c’est la légende du rugby qui est en jeu, pour le symbôle c’est trop fort, et puis quelle idée de changer de bleu, j’espère que ce n’est pas encore une histoire d’équipementiers et de gros sous... Bon match à tous et prenez votre pied !!!

Anonyme a dit…

Ben sur qu’il y a un déséquilibre hallucinant entre les tableaux, mais quelle idée pour la France de terminer seconde de sa poule ;)

Ca me rappelle l’Allemagne au foot, mais passons :p

Anonyme a dit…

Génial !!! J’adore !!!

Et pour demain, allez les Bleus !!! ... ou allez les Blancs ... on sait pas encore...

Anonyme a dit…

Tres bon article. Allez les bleus ! On y croit...

Plooz a dit…

Et oui comme en 1999, ils l’ont fait ! Maintenant, comme en 2003, une demi-finale contre nos amis anglais et peut-être au bout une finale contre l’Argentine pour boucler la boucle. Ca serait beau n’est ce pas ?!! Allez les Bleus !!!

Anonyme a dit…

Je suis plutôt coté ballon rond mais la c'est bon, bravo au XV de France. Tout le monde voyait Blacks-Australie et ben non !

Anonyme a dit…

Que ce fut dur mais que ce fut beau.

Maintenant le plus beau est peut être à venir. Mais encore ces satanés anglais.

BRAVO LES BLEUS

Anonyme a dit…

Je l’avais dit qu’on allait les battre ! bon je pensais que ce serait plus large mais le plus important c’est la victoire malgré l’essai de Jauzion qui devrait être refusé pour en avant. mais Jauzion magique !! Dusautoir énorme ! Merci les bleus.

Maintenant faut aller la chercher la coupe. L’Angleterre on va les maîtriser normalement mais attention quand même à Wilco et Robinson."satané anglais" dis-tu DOUX REVEUR, personnellement je préfère l’angleterre qu’une deuxième nation du sud de suite. Battre les 3 nations du sud de suite (en anticipant sur l’Af Sud en finale) est quasiment impossible selon moi alors que l’Angleterre va être un match quand même plus tactique que ceux que l’on peut voir contre les nations du sud où les duels, les impacts font toujours la différence.

Soit dit en passant j’avais annoncé ma préférence pour Beauxis titulaire, avant France Géorgie, contre les Blacks ; Laporte a fait le meme choix que moi et je pense qu’il a très bien fait. Pour ceux que ca intéresse mon humble analyse du match France Blacks sur mon blog : http://rafousport.blogspot.com/

Très bon article pour une fois que ce n’est pas en football sur sportvox !